Nanga Léon, notable du village pygmée dit Bidou III, déplore la perte de ses terres, saccagées par la SOCAPALM. Crédit photographique : Isabelle Alexandra Ricq.
Quand la liberté de presse recule devant les magnats de l’économie
Les Français se rappelleront sûrement des vacances en famille à bord d’un yacht de luxe, offertes à M. Nicolas Sarkozy après son élection présidentielle en mai 2007, par son ami M. Vincent Bolloré. L’affaire avait choqué, en témoignent les critiques et indignations suscitées sur la scène politique. Le milliardaire est aujourd’hui au cœur d’une nouvelle actualité, bien plus alarmante, et pourtant largement moins médiatisée. Le 15 décembre 2009, un journaliste et un producteur de France Inter ont été cités à comparaître devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, suite à la plainte pour diffamation déposée contre eux par M. Bolloré. L’homme d’affaire s’est senti menacé par le reportage «Cameroun, l’empire noir de Vincent Bolloré » diffusé le 29 mars 2009, dénonçant les conséquences sociales et écologiques des pratiques du groupe Bolloré en Afrique. Y était reporté que pour cultiver des palmiers à huile, les villages sont détruits, les forêts sont rasées, et les Hommes, privés de leurs ressources et modes de vie traditionnels, sont contraints de travailler pour Bolloré dans des conditions déplorables.
Les journalistes s’étant rendus au Sud-ouest du Cameroun, ont trouvé les villages Pygmées Kilombo I, Bidou III, ainsi que Mbonjo, et Nkapa dans le département de Moungo, enclavés par des palmiers. Les forêts alentours, territoires de chasse et de cueillette traditionnels des communautés locales, ne sont plus que cendres. La Société Camerounaise des Palmeraies (SOCAPALM), détenue depuis sa privatisation en l’an 2000 à 38,75% par Bolloré via l’entreprise belge Socfinal, ne cesse d’étendre ses monocultures de palmiers à huile. Du temps de la société d’Etat, elle n’a pas hésité pas à expulser les populations établies en mettant le feu à leurs maisons. Aujourd’hui, la SOCAPALM continue à détruire la nature locale et à ignorer les droits des populations sur les terres qu’elles exploitent. « Les gens de la SOCAPALM sont venus ici plusieurs fois, nous leur avons dit de nous laisser un peu de forêt pour chasser mais ils ne veulent pas », confie un habitant du village Bidou III à la journaliste Noumba Danielle. Privés de leurs habitudes de vie, ces hommes et femmes n’ont souvent d’autre choix que de travailler dans les plantations pour survivre. Sans équipements appropriés ni couverture sociale, les ouvriers s’épuisent pour des salaires de misère, qui ne sont de surcroît pas toujours payés. Pour 30 000 francs Cfa (50 euros) par mois, un employé doit couper 250 régimes de noix de palme par jour. Les infrastructures, écoles, et hôpitaux promis ne sont pas construits, ni les dédommagements annoncés versés. Dans les palmeraies de la Kienké, la plus grande concession du Cameroun s’étendant sur 15 000 hectares, les employés vivent dans des baraques insalubres et subissent des violences de la part de leurs employeurs de la SOCAPALM. Auprès des journalistes venus recueillir leurs témoignages, les ouvriers se sont eux-mêmes surnommé « les esclaves de la SOCAPALM ».
Les plantations de palmiers sont aussi une plaie pour l’environnement. Afin de rendre les terres cultivables, les forêts naturelles sont déboisées et remplacées par des monocultures qui érodent les sols....lire la suite et source sur sauvonslaforet