Ces études, publiées dans la revue scientifique Nature, sont primordiales pour les chercheurs, comme l'a indiqué....Stanislas Dusko Ehrlich, directeur de recherche à l'Inra, qui a coordonné les deux études : elles permettraient à long terme "la mise en place de marqueurs bactériens spécifiques pour identifier les personnes à risques" et à "de nouvelles thérapies basées sur des bactéries pour lutter contre la prise de poids".

Six espèces bactériennes identifiées

Si les causes de l'obésité sont reconnues comme étant d'ordre environnemental (mode de vie) et/ou génétique, les scientifiques tendent de plus en plus à prouver des variations du microbiome, soit le génome global de toutes les bactéries présentent dans notre corps, seraient également un facteur déclenchant. Les deux études ont ainsi permis de distinguer deux groupes d'individus se différenciant par la faible ou forte richesse de leur flore intestinale et par leur susceptibilité face aux maladies liées à l'obésité.

En comparant les deux groupes, les chercheurs ont découvert que les personnes "pauvres" en bactéries intestinales (360 000 gènes microbiens différents en moyenne contre 580 000 dans le second groupe) avaient un risque plus important de développer des maladies métaboliques comme l'excès de cholestérol ou le diabète, mais également des problèmes hépatiques et cardiovasculaires, voire certains cancers. Ils ont identifié six espèces bactériennes capables de différencier les personnes ayant une flore intestinale "riche" ou "pauvre" avec une précision de 95 %.

"Un rôle protecteur contre la prise de poids"

Les personnes du premier groupe, dont la flore intestinale est faible en bactérie, ont aussi tendance à prendre plus de poids dans le temps, constatent les chercheurs. Chez ces personnes, huit espèces bactériennes étaient soit manquantes, soit en faible quantité. Selon M. Ehrlich, cela "pourrait signifier qu'elles jouent un rôle protecteur contre la prise de poids". L'étude française révèle pour sa part qu'un régime alimentaire riche en fibres et en fruits et légumes, poursuivi pendant 12 semaines, contribuait à améliorer la variété de la flore intestinale et diminuait du même coup les complications liées à l'obésité.

Des études encourageantes, qui doivent toutefois être complétées, précisent les chercheurs, afin d'identifier précisément les bactéries concernées et recommander un régime alimentaire adapté. Par ailleurs, la mise en place d'un régime alimentaire spécifique chez les personnes pauvres en espèces bactériennes n'a pas été concluante.

Selon l'OMS, plus de 700 millions de personnes pourraient être concernées par l'obésité d'ici à 2015.