Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/05/2013

Vieillissement : deux approches innovantes

 Injectée dans le sang de souris âgées, une protéine corrige les symptômes de l'insuffisance cardiaque. Surexprimé, un gène en cause dans la maladie de Parkinson prolonge la durée de vie en bonne santé de la mouche

Rien n'est précaire comme vivre/ Rien comme être n'est passager/ C'est un peu fondre pour le givre/ Et pour le vent être léger. » Tel Aragon, les poètes s'efforcent de pérenniser les fulgurances de la vie. De leur côté, les scientifiques affrontent sans faillir ce défi faustien : déchiffrer les motifs de la fragilité - ou de la robustesse - du vivant, afin d'en prolonger l'éphémère essence.

Deux études de haut vol, publiées début mai, illustrent un tournant notable dans leur quête opiniâtre de l'élixir de jouvence : « Depuis cinq ou six ans, la recherche a complètement viré, analyse Hugo Aguilaniu, qui dirige une équipe CNRS sur le vieillissement à l'Ecole normale supérieure de Lyon. Nous ne sommes plus dans la course à la longévité maximale. L'approche consiste désormais à identifier des facteurs importants dans la sénescence afin de traiter des maladies liées à l'âge. »

Ces deux études en offrent des exemples probants, l'une dans une maladie cardiaque, l'autre dans une affection neurodégénérative. « Ce sera aussi le cas dans les cancers », pronostique Hugo Aguilaniu.

Publiée dans Cell, le 9 mai, la première étude s'est intéressée à l'insuffisance cardiaque, cette incapacité du coeur à assurer un débit sanguin suffisant pour couvrir les besoins énergétiques de l'organisme. De causes multiples, sa prévalence augmente fortement avec l'âge. Environ 1 million de personnes souffrent d'insuffisance cardiaque en France.

L'équipe d'Amy Wagers et Richard Lee, du Harvard Stem Cell Institute (Boston, Massachusetts), a montré que, en restaurant dans le sang de souris âgées des taux élevés - semblables à ceux d'une souris jeune - d'une hormone sanguine, celle-ci parvenait à supprimer rapidement les signes de vieillissement cardiaque.

Amy Wagers avait précédemment mis au point un système dit de « parabiose hétérochronique », où deux animaux partagent la même circulation sanguine. Ici, elle a « branché » chirurgicalement la circulation d'une souris jeune à celle d'une souris âgée. Au bout de quatre semaines, les symptômes d'insuffisance cardiaque liés à l'âge diminuaient considérablement. En particulier, le coeur de la souris âgée, dilaté, retrouvait la taille d'un coeur de souris juvénile. Ces améliorations n'étaient pas liées à une baisse de la pression artérielle.

Les chercheurs ont analysé les composés du sang des souris jeunes et âgées. Avec une start-up du Colorado, ils ont identifié une protéine, GDF-11 (Growth Differentiation Factor 11), présente à des taux élevés chez la souris jeune et à des taux déclinants chez les rongeurs vieillissants. En injectant cette hormone dans la circulation de souris âgées, ils ont reproduit cette régénération spectaculaire du tissu cardiaque. « Nous espérons lancer un essai clinique chez l'homme d'ici quatre ou cinq ans, et observer les effets de cette protéine sur d'autres tissus », indique Richard Lee

« Présent aussi chez l'homme, le GDF-11 était connu pour intervenir dans le développement embryonnaire précoce, pas pour agir comme une hormone, relève Hugo Aguilaniu. Joue-t-il aussi un rôle important dans la division des cellules souches ? Si l'on parvenait à régénérer un organe en induisant la division et la différenciation de cellules souches déjà présentes in vivo, ce serait idéal ! »

Publiée le 6 mai dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, la seconde étude relie vieillissement et maladie de Parkinson. En surexprimant un seul gène, nommé « parkin », jusqu'ici connu pour intervenir dans la maladie de Parkinson, les chercheurs ont augmenté de plus de 25 % la durée de vie en bonne santé... de la drosophile, ou mouche du vinaigre.

« Dans le groupe contrôle, les drosophiles meurent toutes avant cinquante jours, indique David Walker, de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA), principal auteur. Mais, dans le groupe avec le gène parkin surexprimé, la moitié des insectes sont toujours vivants à cinquante jours. » Ces drosophiles restent en bonne santé, actives et fertiles.

« Les auteurs ont suivi un raisonnement inverse à la logique habituelle, observe Hugo Aguilaniu. Ils se sont dit : on connaît un gène associé à une forme de maladie de Parkinson, liée au vieillissement. Peut-on avoir un effet global sur la sénescence en affectant seulement ce gène ? » La réponse est oui : en ne manipulant qu'un des 15 000 gènes de la mouche, ils changent tout un ensemble de caractères liés au vieillissement. « C'est un modèle pour comprendre les mécanismes moléculaires en cause dans diverses maladies liées à l'âge », estime David Walker.

Muté, le gène parkin favorise une forme de maladie de Parkinson à début précoce. Non muté, il intervient dans au moins deux fonctions vitales : il « marque » les protéines endommagées pour qu'elles puissent être dégradées, avant de devenir toxiques, dans les « poubelles » de la cellule. Et il signale aussi les mitochondries (les « centrales énergétiques » de la cellule) abîmées. « Avec l'âge, les poubelles cellulaires comme les mitochondries deviennent moins efficaces. La surexpression de parkin compense ces défaillances », explique David Walker. D'où une longévité et une qualité de vie accrues.

De la mouche et de la souris à l'espèce humaine, la route est certes longue et semée d'embûches. Mais de premiers pas sont franchis. Ou comment rêver de prolonger, un instant encore, « le vivace et le bel aujourd'hui » que célébrait Mallarmé...édition source LEMONDE du 15.05.13

20/12/2010

Espérance de vie, une croissance éternelle ?

.......

Dans une étude publiée jeudi 16 décembre, les démographes Jacques Vallin et France Meslè, retracent les progrès accomplis grâce aux bonds en avant médicaux pour essayer de définir ce qui pourrait permettre de repousser encore les limites de la vie humaine.

La question taraude les scientifiques. De record en record, nombreux sont ceux qui ont essayé de trouver la limite. A la fin des années 1920, l'Américain Louis Dublin pronostiquait que l'espérance de vie des femmes ne pourrait jamais dépasser 64,7 ans. Le démographe ne savait pas que c'était un "seuil qu'avait déjà franchi l'Australie dès 1925"... En 1952, le démographe français Jean Bourgeois-Pichat estimait que l'espérance de vie plafonnerait à 78,2 ans. Sa prédiction est démentie, l'Islande ayant atteint ce niveau en 1975.

LA PROGRESSION PEUT-ELLE S'ARRÊTER ?

....

De 1790 à 1885, l'espérance de vie "décolle fermement". Cette "rupture" est à mettre au compte de la diffusion du premier vaccin. Il s'agit de "la vaccine de Jenner" qui permet un "recul significatif" de la variole et des décès nombreux qu'elle provoque chez les enfants.

........

L'accélération, importante entre 1960 et 1995, devient encore plus rapide entre 1995 et 2003. Dans les années 1970, l'Islande se hisse au tout premier rang des pays où l'on vit le plus longtemps, détrôné depuis le début des années 1980 par le Japon, qui, avec 86,4 ans pour les femmes, bat tous les records de longévité, les Nippones devançant les Hongkongaises (86,1) et les Françaises (84,5).

Côté masculin, c'est le Qatar qui remporte la palme, avec une espérance de vie de 81 ans, devant Hongkong (79,8 ans), l'Islande et la Suisse (79,7 ans). Un progrès dont est encore exclue une immense partie de la population humaine : en Afrique, l'espérance de vie à la naissance est de 55 ans et en Asie de 69,6 ans.

TOUT SE JOUERA "AU-DELÀ DE 80 ANS"

Et maintenant ? "La progression de l'espérance de vie a encore de beaux jours devant elle, mais rien ne permet d'affirmer qu'elle peut se poursuivre longtemps à son rythme actuel", estime l'INED. Après le combat contre les maladies infectieuses et celui contre les maladies cardiovasculaires, quel sera le prochain moteur qui permettra de repousser encore un peu plus les limites biologiques ?

L'histoire de l'évolution de l'espérance de vie indique que les progrès récents ont été obtenus principalement "grâce à une accélération de la baisse de la mortalité aux grands âges". D'où l'idée que tout se jouera désormais "au-delà de 80 ans".

"L'avancée ici pourrait tenir à l'attention grandissante portée aux personnes âgées dans le domaine de leur santé au quotidien" ou dans les thérapies géniques. A moins, rêvent les chercheurs de l'INED, que les hommes ne finissent pas dénicher la fontaine de Jouvence.extraits lemonde

Commentaires : Les démographes ne font que constater et n'ont aucune notion tangible des progrès qui peuvent être accomplis dans ce domaine. L'Homme n'est pas éternel mais il bénéficie encore d'une bonne marge de progression grâce aux nouvelles technologies et aux recherches en cours sur l'amélioration de l' hygiène de vie et de la nutrition.