Aucune unité. C'est ce qui ressort du vote sur une résolution au sujet du nucléaire au Parlement européen. Après la catastrophe intervenue sur la centrale de Fukushima au Japon, les députés européens ont été incapables de se définir une position commune sur la sûreté du nucléaire en Europe.

Le projet de résolution a été rejeté à 300 voix contre 264, et 61 abstentions. Et les pro et anti-nucléaires se renvoient la responsabilité de l’échec.

L’ensemble des groupes parlementaires de gauche, comprenant les socialistes, les verts et l’extrême gauche, ont déposé des amendements dans le sens d’une sortie du nucléaire à plus ou moins long terme. Ils n’ont pas été adoptés, entraînant le rejet du texte par une majorité de députés de gauche.

De leur côté, les tenants du nucléaire ont refusé l’harmonisation des règles sur les « stress tests », ces contrôles de résistance des centrales nucléaires engagés en Europe depuis la catastrophe de Fukushima. La résolution prévoyait notamment que ces tests soient effectués par des agences indépendantes, plutôt que par les Etats membres. En conséquence, les conservateurs britanniques ainsi que la droite française se sont élevés contre le texte.

Enfin, la question du moratoire sur les nouvelles installations nucléaires, prévu par le texte, à également crispé le débat. La suppression de quelques mots, précisant que ce moratoire ne s’appliquerait que « dans l’attente des résultats des stress tests », a contribué au rejet de la résolution.

POSITIONS

Selon l’eurodéputé Verts/ALE, Yannick Jadot, "cette résolution n'abordait que du bout des lèvres les questions importantes de sûreté nucléaire, et manquait l'opportunité de s'inscrire dans une volonté de sortie progressive du nucléaire. C'est pourquoi nous avons décidé de nous opposer à ce texte (…) Parce que le risque est trop important, mais aussi parce que sortir du nucléaire est gagnant pour l’emploi, l’industrie et notre indépendance énergétique. Il existe une multitude de scénarios montrant comment l'Europe peut avoir une économie basée à 100% sur les énergies renouvelables pour 2050, si les bonnes décisions politiques sont prises".

Un communiqué de presse indique que les eurodéputés français du groupe PPE regrettent la "tournure démagogique prise ces dernières semaines par le débat sur l'énergie nucléaire". "Profitant de l'émoi suscité à juste titre, dans l'opinion publique européenne, par la catastrophe naturelle survenue au Japon, les Verts européens se sont engouffrés dans la brèche pour lancer un réquisitoire contre l'énergie nucléaire", ont déclaré Jean-Pierre Audy, Françoise Grossetête, Gaston Franco et Philippe Juvin.

"Un travail de concertation avait pourtant permis de soumettre au vote une proposition de résolution commune qui prenne en compte [les inquiétudes des populations] en respectant la situation très différente des Etats membres dans ce domaine", déplore Marie-Christine Vergiat, du groupe Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique (GUE/EGL). "Certains ont privilégié le lobbying et le dogmatisme au mépris de l'intérêt général", ajoute-t-elle.

Guy Verhofstadt, président du groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) affirme que "deux positions extrêmes, celle de ceux qui voulaient que rien ne se passe et celle ceux qui voulaient que les centrales nucléaires ferment immédiatement, ont empêché le Parlement européen de définir une position commune (…) Rester dans des positions extrêmes revient à faire marche arrière", déplore-t-il.

Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française, membre du groupe S&D pense que le débat a été détourné : "La cause [du rejet] se trouve dans la volonté d’élargir le texte de la résolution à l’avenir du nucléaire. L’objectif initial était de nous prononcer sur la sûreté de nos centrales avec des stress tests menés de la façon la plus coordonnée possible à l'échelle de l'Union, voire au-delà, par des entités indépendantes travaillant selon les normes les plus exigeantes et dans la plus grande transparence". "La résolution de compromis était une bonne base, et nous avons soutenu les amendements favorables à une sortie du nucléaire pensée et préparée, tenant compte de la lutte contre le réchauffement climatique." source EurActiv.fr