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13/03/2009

Retenons toutes les leçons du New Deal

Comme la crise de 1929, la crise actuelle a deux faces. La face émergée, c'est évidemment la crise financière. Des exigences de rentabilité incompatibles avec l'économie réelle, entretenues par la multiplication d'innovations financières, se sont effondrées comme des châteaux de cartes, lorsque les anticipations des marchés se sont retournées.

Mais il y a aussi l'autre face : la pression constante sur les salaires résultant de ces exigences de rentabilité a profondément creusé les inégalités entre les revenus salariaux et les revenus du capital. L'économie américaine a continué à croître dans les années 2000, alors même que le salaire médian stagnait, grâce à une demande alimentée par l'endettement des ménages les plus modestes. Cette situation s'est retrouvée de façon moins marquée dans tous les pays européens, y compris en France. Comme à la veille de la crise de 1929, la mondialisation libérale a conduit à une formidable accumulation de la richesse au sein d'une petite minorité de la population.

Si, contrairement à la crise de 1929, les gouvernements ont su éteindre transitoirement l'incendie financier et éviter des faillites bancaires par une injection massive de fonds publics, ils n'ont pas pris la dimension des changements profonds qu'il faudrait introduire dans la régulation mondiale pour répondre réellement à ce qui est la première grande crise de la mondialisation libérale.

Après la crise de 1929, Roosevelt prit des mesures radicales, séparant en 1933 les banques d'affaires des banques de dépôt et introduisant une régulation stricte de ces dernières, avec une conviction forte : les banques qui détiennent des dépôts exercent en quelque sorte une mission de service public. Elles ne doivent pas faire courir de risques au système des paiements en spéculant sur les marchés financiers. Elles doivent donc être soumises à une régulation stricte et, en contrepartie, l'Etat garantit qu'elles ne tomberont pas en faillite.

Avec le New Deal, il a jeté les bases de l'Etat-providence moderne dans un pays où cette culture de la protection sociale était totalement étrangère. C'est cette généralisation à l'Europe des politiques publiques, conjuguée au développement de l'Etat-providence et à une économie financière fortement régulée qui a contribué à la longue période de prospérité de l'après-guerre, lorsque prévalait le système de Bretton Woods.

Mais il est un autre domaine où Roosevelt bouleversa profondément et durablement les règles : les inégalités. A la veille de son arrivée à la Maison Blanche, le taux marginal de l'impôt sur les revenus les plus élevés n'était que de 25 %. Il le fera passer à 63 %, et il atteindra 91 % en 1941. Pendant un demi-siècle, les Etats-Unis vivront avec un taux marginal d'imposition sur les très hauts revenus proches de 80 %. Cette fiscalité dissuasive sur les très hauts revenus conduira à une forte réduction des inégalités avant impôts (et a fortiori après) ; situation que l'on retrouvera dans presque tous les pays industrialisés dans l'après-guerre.

La dérive des hautes rémunérations n'a pas de justification économique. Elle contribue au contraire à la perte de confiance dans le système économique. Qui peut croire que le travail d'un salarié dont la rémunération moyenne est de 1,6 smic, d'un cadre moyen ou d'un patron de PME, dont la rémunération moyenne est de 3 smic, a 100 ou 200 fois moins de valeur que le travail d'un patron du CAC 40 qui, en cumulant stock-options et bonus, touche plus de 300 smic par an ! Dans la période des « trente glorieuses », où les chefs des grandes entreprises et des banques se préoccupaient d'abord de leur métier de patron, les écarts de rémunération étaient dix fois plus faibles et l'économie s'en portait bien !

Dans ces trois domaines, régulation, action publique, inégalités, l'efficacité économique est très éloignée du credo libéral qui a conduit l'économie mondiale dans le mur. On comprend mieux les difficultés que rencontre Nicolas Sarkozy pour répondre efficacement à la crise. Les valeurs sur lesquelles il a fait campagne et dont témoigne le paquet fiscal de l'été 2007, dernier avatar de « l'économie du ruissellement », sont aux antipodes des politiques qu'il faudrait conduire aujourd'hui. Contraint par l'ampleur de la crise à imiter des politiques qu'il bannissait de son vocabulaire, il est aussi mal armé pour mettre en oeuvre une vraie politique de relance que pour contribuer aux nécessaires réformes de l'économie mondiale.

L'Amérique a tourné la page de George Bush et ouvre une autre époque avec les premières mesures de Barack Obama. Empêtrée dans une idéologie dépassée, la France de Nicolas Sarkozy risque d'être longtemps hors jeu.

Pierre-Alain Muet édition le Monde du 10.03.09

Conclusion : la coordination des politiques économiques des Etats membres de l'Union Européenne est un impératif non suffisant. Il faut déstructurer les banques en séparant les activités de spéculation des banques de leur activités de dépôt, d'une part, et de leurs activités d'assurances, d'autre part. Les agences de notation doivent être strictement contr^lées par un office d'audit du gouvernement pour éviter les fausses notations, car rémunérées par les audités à qui elles attribuents justement la note...

08/03/2009

Et la crise sociale a rattrapé le Parlement européen

Polémique sur une jurisprudence trop favorable aux entreprises

Et la crise sociale a rattrapé le Parlement européen

A l’heure où les partis politiques sont en train de constituer leurs listes en vue des élections de juin prochain, le Parlement européen demeure une institution méconnue. Toutefois, une jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes, qui légalise le dumping social, a provoqué chez les députés un débat révélateur fin 2008. Alors que la crise économique s’amplifie, les textes adoptés montrent les contradictions et les limites d’une assemblée qui se voudrait l’expression des peuples de l’Union.

Par Anne-Cécile Robert

La stupéfaction se lit toujours, plusieurs semaines après les faits, sur le visage de M. Jan Andersson, président de la commission de l’emploi et des affaires sociales du Parlement européen. En quelques mois, de novembre 2007 à juin 2008, la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) a rendu quatre jugements affirmant la primauté des droits des entreprises sur ceux des salariés.

Dans l’affaire Viking, un armateur finlandais voulait transférer un ferry sous pavillon estonien afin d’échapper à une convention collective. Dans l’affaire Laval, un syndicat suédois avait tenté, en bloquant les travaux d’une entreprise du bâtiment, de contraindre un prestataire de services letton à signer une convention collective. Dans l’affaire Rüffert, une société polonaise, installée dans le Land de Basse-Saxe, versait des rémunérations inférieures au salaire minimum local. Enfin, le 18 juin 2008, la CJCE était saisie par la Commission européenne, qui jugeait excessives les obligations imposées par le Luxembourg à un prestataire de services étranger (lire « Syndicats phagocytés »).

Dans tous les cas, la CJCE a condamné les actions syndicales et a demandé aux autorités publiques de limiter les normes sociales imposées aux entreprises délocalisées. Selon elle, le droit du travail et les mouvements de salariés ne doivent pas entraver de façon « disproportionnée » la liberté d’établissement des entreprises (article 43 du traité de Rome) et la libre prestation de services (article 49) dans le Marché commun.

Socialiste suédois, M. Andersson ne s’attendait pas à une telle interprétation des textes européens. Il s’inquiète de la légitimation ainsi effectuée du dumping social et craint d’autres arrêts allant dans le même sens. Le 22 octobre 2008, le Parlement a donc adopté, sur la base d’un « rapport d’initiative » de ce député, une résolution législative contredisant ouvertement la jurisprudence de la CJCE. Fait rarissime dans l’univers ouaté de cette institution, à peine troublé par les groupes de touristes ou d’enfants en voyages scolaires.

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et rouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique actuellement en kiosques.

Commentaires : Ce n'est pas comme cela que l'on fera de l'europe sociale en allant  toujours  + bas et donc aimer l'Europe.

23/02/2009

L'éclairage Sauver d'abord la demande : Les gouvernements réagissent à la récession par des mesures protectionnistes et des efforts budgétaires dispersés et insuffisants

Environnement Economique

Quelques conseils de Martin Wolf

""Ce dont nous avons besoin, c'est d'une action résolue et mondialement coordonnée. L'impulsion doit venir des Etats-Unis, qui demeurent l'hyperpuissance ; ce sont eux qui ont promu le système économique dans lequel nous vivons aujourd'hui ; et la crise est largement due aux erreurs que leurs dirigeants et grands établissements privés ont commis, même s'ils y ont été aidés par celles faites ailleurs.

Dans ces conditions, quels sont les principes qui devraient être observés ? Je suggère les axes suivants.

Tout d'abord, tout faire pour inverser l'effondrement actuel de la demande plutôt que de s'attacher à réformer l'architecture économique mondiale.

En deuxième lieu, y consacrer des moyens écrasants. Le temps est venu de lancer une opération « choc et stupeur » dans le domaine économique.

Troisièmement, assurer la crédibilité d'une normalisation future des politiques budgétaires et monétaires.

Quatrièmement, agir de manière concertée. Les Etats-Unis ne pourront résoudre seuls tous leurs problèmes.

Cinquièmement, éviter le protectionnisme.

Enfin, renforcer les capacités des institutions mondiales à aider les plus faibles.""

extrait le Monde du 10/02/09

17/02/2009

L'ONU appelle le G20 à lancer un "New Deal écologique"

Une excellente proposition en complément des plans de relance qui devraient être coordonnés et portés sur au moins 3% du PIB à la fois sur la consommation et de l'investissement dans un second temps en fonction de la configuration économique actuelle de chaque pays.

NAIROBI - L'ONU a réclamé lundi un "New Deal écologique mondial" pour surmonter la triple crise financière, énergétique et alimentaire, que les pays du G20 financeraient en y consacrant 1% au moins de leur PIB sur les deux prochaines années.

"Le G20 devrait considérer ces propositions lors de son prochain rendez-vous à Londres en avril", estime le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) dans une étude publiée en ouverture de son forum mondial, à Nairobi.

"Relancer l'économie mondiale est essentiel mais des mesures centrées sur ce seul objectif ne garantiront pas un succès durable", insiste l'étude intitulée "Un New Deal écologique mondial".

Au sein du G20, les Etats-Unis, l'Union européenne et les pays riches de l'OCDE devraient sur les deux prochaines années consacrer "au moins 1%" de leur PIB à des programmes de réduction de leur dépendance aux énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) fortement émettrices de CO2, l'un des principaux gaz à effet de serre.

Les pays émergents et moyennement riches du G20 - la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud, ainsi que Corée du Sud ou Turquie - devraient en faire autant "dans la mesure du possible", estime encore le PNUE.

Quant aux pays en développement, ils devraient faire ce qu'ils peuvent en ce sens mais aussi consacrer "au moins 1% de leur PIB à des programmes d'amélioration du service et du traitement de l'eau pour les pauvres".

"Il ne s'agit pas seulement de mettre en place une économie plus verte", prévient le PNUE. "Mais aussi de répondre à ces menaces imminentes que sont le changement climatique, l'insécurité énergétique, la pénurie croissante d'eau douce, la détérioration des écosystèmes et par dessus tout, la pauvreté qui empire".

Les chefs d'Etat du G20, qui rassemble pays du G7 et principales économies émergentes, se retrouvent le 2 avril à Londres pour dégager les grandes lignes d'une réforme du système financier face à la crise actuelle.

(©AFP / 16 février 2009 11h14)

 

11/02/2009

Quelques pistes pour surmonter la crise 2008