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23/02/2010

La France va-t-elle expérimenter le péage urbain ?

Un péage urbain à Paris... L'idée, lancée fin janvier par Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie et tête de liste parisienne de l'UMP pour les élections régionales, a surpris. Cette proposition, a-t-elle précisé, pourrait même être l'un des sujets d'un "Grenelle de Paris" que Mme Jouanno envisage d'organiser.....

Un dispositif qui existe dans le monde entier

Singapour. Le doyen des péages urbains a été mis en place en 1975 pour réguler l'entrée des véhicules dans le centre des affaires. Quarante-cinq portiques électroniques vérifient que les véhicules sont équipés de badges et de cartes prépayées. Le passage coûte entre 0,23 et 1,2 euro. Le nombre de voitures pénétrant dans la zone a été réduit de 76 %.

Londres. Destiné à réduire la congestion de l'hyper-centre, le péage a été instauré en 2003 sur 22 km2. Une extension de 20 km2, ajoutée en 2007, pourrait être supprimée en 2010. Les véhicules entrant ou présents dans la zone payent 8 livres (9,10 euros) par jour. Les résidents bénéficient d'un abattement de 90 %. Le nombre d'entrées dans la zone a baissé de 36 %, la pollution au dioxyde d'azote a diminué de 17 %, les microparticules de 23 %.

Stockholm. Après sept mois d'expérimentation, le péage qui ceinture les 35 km2 du centre-ville a été adopté en 2007 pour faire baisser la circulation. Les véhicules paient entre 1 et 2 euros chaque fois qu'ils passent l'un des 18 points d'entrée dans la ville. Le trafic a baissé de plus de 20 % au passage du cordon et de près de 15 % à l'intérieur de la zone. La pollution a reculé de 10 % à 14 %.

Milan. Le péage écologique mis en oeuvre début 2008 a pour objectif de rendre l'air plus pur. Les véhicules paient entre 2 et 10 euros par jour, selon leur niveau de pollution, pour accéder à un coeur historique de 8,2 km2 doté de 43 points d'entrée. Les particules fines y ont régressé de 19 % - contre un objectif de 30 % - et le nombre de véhicules dans la zone a baissé de 14 %.

Oslo. Depuis sa création en 1990, le péage a eu pour objectif de financer les investissements dans les infrastructures routières, puis dans les transports en commun. Le cordon isole une zone de 40 km2, accessible par 19 stations de péage. Les voitures paient 2,75 euros, les camions 8,20 euros. Ainsi financé, le tunnel de 2 km sous le centre-ville a réduit la congestion de 20 %.

Reste un hic. Les expériences étrangères le prouvent : impossible de freiner l'usage de la voiture sans renforcer d'abord les réseaux de transports collectifs, totalement saturés en région parisienne. Un obstacle qui risque de renvoyer l'hypothèse d'un péage urbain parisien à des jours lointains, bien plus sûrement que l'impopularité supposée de la mesure.

"Généralement, la majorité de la population est opposée à l'idée a priori, mais se révèle favorable au dispositif une fois qu'il fonctionne", analyse Damien Verry, du Certu.

source le monde

Commentaire : C'est pas pour demain à ce rythme

20/11/2009

Voiture : la révolution des usages

L'automobile n'a jamais été aussi présente dans notre société, et pourtant sa place n'a jamais été autant remise en cause qu'aujourd'hui. Ainsi, 86 % des kilomètres parcourus le sont en voiture et 80 % des ménages possèdent un véhicule. Mais, dans le même temps, on observe une prise de distance par rapport à l'automobile. Un mouvement inédit, qui frappe par sa rapidité et son ampleur. Trois chocs successifs ont servi de révélateur à cette évolution, qui oblige à repenser l'usage de la voiture d'une manière radicale.

  • Le choc pétrolier de 2008 a porté la première estocade.....
  • Choc environnemental ensuite. La montée de la conscience écologique face au réchauffement climatique...
  • Choc économique enfin. La crise financière et ses conséquences sur l'emploi ont d'inévitables répercussions sur le pouvoir d'achat....

...Mais si la voiture restera dans les années qui viennent vraisemblablement un mode de transport incontournable, elle doit en même temps opérer une double révolution. Technologique, afin de s'abstraire de la dépendance du pétrole, mais surtout pratique, sur son mode d'utilisation. Un seul chiffre doit faire réfléchir à l'absurdité à laquelle le modèle actuel a abouti. En Ile-de-France une voiture est immobile 80 % du temps. Objet de liberté après la seconde guerre mondiale, l'automobile est de plus en plus vécue comme une contrainte.

La densité du paysage urbain et celle du parc automobile ont conduit à mettre en place des péages à l'entrée des centres-villes, à rendre de plus en plus compliqué le stationnement. A force d'être utilisée en toutes circonstances, la voiture a fini par perdre sa praticité, et son usage doit être réinventé.

Pour cela l'automobile doit retrouver de la flexibilité pour répondre aux contraintes économiques et aux attentes sociétales. L'une des solutions passe par l'évolution de la notion de propriété. Aujourd'hui la voiture se résume à un bien patrimonial, au travers duquel s'exprime une partie du statut social. Demain, elle devra se partager : d'objet elle deviendra service. Des expériences d'autopartage comme Zipcar, qui existe déjà dans une soixantaine de villes, ou Autolib', qui s'apprête à voir le jour à Paris, ouvrent la voie à une nouvelle ère automobile.

Stéphane Lauer

extrait LE MONDE | 17.11.09