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16/12/2010

La nouvelle autoroute A65 s'accompagne de contreparties environnementales sans précédent

Pontenx-les-Forges (Landes) Envoyée spéciale - Alors que l'autoroute de Gascogne entre en service jeudi 16 décembre, A'Lienor, la société qui a obtenu la concession, met en avant des mesures de compensation écologiques d'une ampleur sans précédent en France sur ce genre d'infrastructure, pour tenter de contrer les critiques toujours très fortes de ses détracteurs.

L'A65 relie Pau à Langon, à 40 km au sud de Bordeaux, par une deux-fois-deux-voies sur 150 km. A'Lienor, dont le capital est détenu à 65 % par Eiffage et à 35 % par Sanef, a dû investir 150 millions d'euros pour limiter l'impact du projet sur les zones humides qu'il traverse. Cet argent doit servir aussi à financer des mesures de compensation qui doivent, notamment, permettre de récréer à proximité des habitats pour le vison d'Europe, un petit mammifère en voie de disparition et protégé. Il en resterait environ deux cents en Aquitaine. A 28 km à l'est de l'autoroute, au lieu-dit Le Pountras, près de Mimizan, un espace refuge a été sanctuarisé pour le vison d'Europe, mais aussi pour d'autres espèces endémiques, comme la cistude, une petite tortue des marais, ou le papillon fadet des laîches. Au total, Eiffage a l'obligation de trouver 1 372 hectares d'espaces naturels pour mettre en oeuvre les mesures de compensation jugées nécessaires pour "neutraliser" l'utilisation des 1 600 hectares de l'A65.

"Massacre écologique"

"Les exigences introduites par la loi sur le Grenelle ont modifié radicalement le projet", reconnaît Olivier de Guinaumont, président d'A'Lienor, qui ajoute : "La création de valeur économique d'un projet d'infrastructure ne suffit plus à compenser les impacts sur l'environnement. Il doit être neutre sur le plan environnemental, ou il ne se fera pas."

La CDC Biodiversité (Caisse des dépôts et consignations) a été chargée d'accompagner le maître d'ouvrage en amont pour concevoir le volet environnemental du projet. "Il n'y a jamais eu de chantier de cette envergure pour nous, pour le pays et pour une infrastructure de transport", assure Laurent Piermont, PDG de la CDC Biodiversité, dont la maison mère est actionnaire minoritaire d'Eiffage. "L'Etat a demandé un véritable remplacement espace pour espace, espèce pour espèce."

Le procédé est laborieux et complexe : après avoir trouvé les zones intéressantes pour y conserver ou y développer des corridors écologiques, il faut négocier avec les propriétaires. "Nous n'allons pas voir les propriétaires les plus sceptiques", avoue Sophie Elie, chef de projet A65 pour CDC Biodiversité. Les espaces recherchés peuvent être des bois, des champs de maïs, des terrains de chasse. "Sur chaque site, nous avons un propriétaire clé qui nous permet de mettre un pied sur la zone convoitée et sert d'exemple. Après, c'est beaucoup de négociation et de pédagogie, car nous n'avons aucun moyen juridique pour les faire accepter", reconnaît Sophie Elie. La filiale de la CDC loue, établit des conventions ou achète les terrains. A ce jour, 160 hectares (ha) sont sécurisés autour de deux cours d'eau, dans la zone de Mimizan-Aureilhan, grâce au gérant de cette partie boisée, la Société forestière qui appartient elle-même à la CDC. "Près de 800 ha sont en cours de négociation avec leurs propriétaires, et devraient aboutir d'ici au printemps 2011", assure-t-elle.
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Les responsables d'Europe Ecologie-Les Verts continuent de penser que la construction de l'A65 "est un véritable massacre écologique, détruisant de nombreux sites remarquables de manière irrémédiable". L'association Sepanso de défense de l'environnement a mis en garde contre la création de "parcs Disneyland de la biodiversité". source lemonde

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