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03/09/2008

Mortalité par cancer : les inégalités sociales ont augmenté en France

 

On a ici la confirmation qu'une véritable prévention avec des action sciblées par catégorie sociales permettraient d'avoir une société plus égaliraire par rapport à ce fléau. En gras, les points clefs


"Contrairement à une opinion répandue, mourir d'un cancer n'est ni le fait de la fatalité ni totalement indépendant de paramètres socio-économiques. Telle est la principale et dérangeante conclusion d'une étude publiée, mardi 2 septembre, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire (InVS). Conduit par Gwenn Menvielle et Danièle Luce, de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), ce travail montre que le poids des inégalités sociales dans la mortalité par cancer est important, et qu'il n'a cessé de progresser entre 1968 et 1996, les données statistiques n'étant pas encore exploitables après cette date.

Chiffres

Selon l'étude publiée par l'Institut de veille sanitaire (InVS), mardi 2 septembre, le risque de surmortalité face au cancer en fonction du niveau d'études s'est aggravé nettement ces quarante dernières années.

Pour un homme peu diplômé, il était multiplié par 1,52 entre 1968 et 1974, puis par 2,12 pour la période 1975-1981,
2,20 pour celle de 1982 à 1988
et 2,29 de 1990 à 1996.
Le cancer de l'œsophage est l'un
de ceux sur lesquels les facteurs sociaux pèsent le plus: le risque de surmortalité était multiplié par 2,58 entre 1968 et 1974, 3,22 pour la période 1975-1981, 4,27 pour celle de 1982-1988 et jusqu'à 5,21 de 1990 à 1996.

L'enquête des épidémiologistes de l'Inserm s'inscrit dans la continuité des études qui, dans les années 1980, avaient mis en lumière l'existence, en France, de très fortes inégalités sociales de mortalité, notamment chez les hommes de moins de 65 ans. Pour approfondir la question relative à la mortalité par cancer, les auteurs ont croisé les données issues de l'échantillon démographique permanent de l'Insee et celles du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès. Leurs analyses ont été conduites sur l'ensemble des affections cancéreuses mortelles, tandis que la situation sociale a été évaluée à partir du niveau d'études (sans diplôme, certificat d'études primaires, BEP ou CAP, baccalauréat ou diplôme supérieur).

Chez les hommes, les inégalités sociales sont observées pour l'ensemble des cancers (à l'exception notamment du côlon, du pancréas et de la vessie), mais sont tout particulièrement marquées pour les cancers broncho-pulmonaires et ceux des voies aérodigestives supérieures (larynx, pharynx, cavité buccale), avec un risque de mortalité trois à quatre fois supérieur pour les plus bas niveaux d'études. On sait que la consommation conjointe de tabac et d'alcool, inégalement réparties en fonction des couches sociales, sont des facteurs de risque pour ces lésions cancéreuses.

Le phénomène inégalitaire est moins marqué chez les femmes, à l'exception des cancers broncho-pulmonaires, de l'utérus et de l'estomac. Les auteurs de la publication s'attardent sur la situation particulière et a priori paradoxale qui prévaut pour le cancer du sein, puisque les femmes ayant une position sociale élevée sont à la fois celles qui sont le plus exposées mais aussi celles qui ont les meilleurs taux de survie. Ceci s'explique, dans un sens, par le fait qu'un âge précoce de première grossesse et un nombre élevé des grossesses sont des facteurs protecteurs vis-à-vis de ce cancer; et, dans l'autre, par celui que les femmes des milieux sociaux les plus favorisés bénéficient davantage que les autres des campagnes de dépistage et ont plus aisément accès aux soins spécialisés.

"Le phénomène que nous analysons se caractérise à la fois par l'importance des inégalités sociales concernant la mortalité par cancer et l'accroissement de ces inégalités au cours du temps, résume Gwenn Menvielle. Nos résultats soulignent l'ampleur et l'actualité de ce problème en France." L'équipe de l'Inserm estime que ce phénomène doit être impérativement pris en compte par les responsables des politiques de lutte préventive ou curative contre les affections cancéreuses, dès lors que l'objectif prioritaire est de rester dans une société solidaire. Si tel n'était pas le cas, ces politiques pourraient continuer à avoir des effets potentiellement négatifs dès lors que les actions entreprises bénéficieraient plus largement aux personnes des groupes sociaux les plus favorisés.

Jean-Yves Nau
source LE MOBDE  2 septembre 2008"

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