Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/12/2009

SANTÉ Des ateliers pour vider les placards des produits toxiques Guidés par des spécialistes de la santé et de l'environnement, les particuliers apprennent à lutter contre la pollution domestique

es produits d'entretien, mais aussi des jouets et des cosmétiques encombrent la table. « A votre avis, quels sont les objets qui contiennent potentiellement des substances dangereuses ? », demande la Canadienne Nita Chaudhuri, docteur en santé et environnement, membre de l'association Women in Europe for a Common Future (WECF). Une quinzaine de femmes participent à l'atelier nesting (de l'anglais nest, « nid »), ce 17 novembre, au domicile de la scientifique, à Croissy-sur-Seine (Yvelines), en banlieue parisienne. S'il semble évident pour tout le monde que les produits détergents ou désodorisants sont potentiellement dangereux, c'est l'étonnement lorsque l'on constate que trois petits chiens en plastique ou un anneau de dentition, contiennent des phtalates dont certaines études montrent qu'ils sont des perturbateurs endocriniens.

Présents au Canada depuis plus de dix ans, ces ateliers ont démarré en France il y a deux ans. Leur but : identifier les polluants de l'environnement intérieur et trouver des solutions pour les éliminer, sachant que l'on passe de 70 à 90% de son temps à l'intérieur.

« J'ai eu un cancer du sein en 2002, à 37 ans. Menant une vie «saine», je me suis demandé pourquoi, explique Isabelle, mère de deux enfants. Mon cancérologue m'a alors orienté vers l'environnement et de probables effets des produits de beauté, notamment les déodorants. Je mettais le même depuis des années, quand j'ai regardé sa composition, il contenait de nombreuses substances chimiques. »

Nombre de cosmétiques contiennent des substances potentiellement toxiques. De même pour les produits de toilette pour bébés, dont la peau est cinq fois plus fine et sensible que celle d'un adulte. « Nous manquons d'informations », constate Lisa, qui a eu un cancer de l'utérus à 31 ans.

La pollution de l'air intérieur est assez méconnue. Pourtant, les concentrations de polluants peuvent y être élevées. Parmi plus de 100 000 substances utilisées par l'industrie, certaines sont évaluées cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR).

Nita Chaudhuri, qui a déjà organisé une trentaine d'ateliers partout en France, plante le décor : monoxyde de carbone, oxydes d'azote, fumée de tabac, moisissures, allergènes d'acariens et d'animaux, formaldéhyde, composés organiques volatils (COV), etc. L'habitation est une niche pour les substances toxiques. A l'issue d'un quiz, on apprend que presque tous les plastiques - ustensiles de cuisine, biberons, emballages - contiennent des adjuvants qui peuvent être nocifs (bisphénol A, polystyrène...)

En quête de conseils pratiques, les mamans s'interrogent. Telle Valérie, mère de trois enfants, « sans réelle conviction », et qui « ne faisai[t]pas attention » jusqu'alors. « Il est très important d'aérer matin et soir, et de contrôler la température et l'humidité de la maison », indique Nita Chaudhuri. Il est également conseillé de ne pas fumer en milieu clos, de contrôler les appareils de chauffage, de chasser les allergènes d'acariens (poussières) et d'animaux (poils de chat par exemple), et d'éteindre ordinateur et autres appareils électroniques la nuit (le rayonnement électromagnétique fait débat).

Les produits d'entretien peuvent être remplacés par des produits moins polluants et bon marché : vinaigre blanc, jus de citron, bicarbonate de soude, savon noir, etc. « Il faut aussi regarder attentivement les étiquettes, les sigles », explique l'experte.

65 % des personnes allergiques se disent préoccupées par la pollution intérieure , selon un sondage du CSA pour le Comité français d'observation des allergies (CFOA), rendu public lundi 23 novembre. « 30 % des gens nés après 1980 sont cliniquement allergiques (asthme, rhinites, allergies alimentaires...), constate Frédéric de Blay, pneumologue (CHRU de Strasbourg). Les maladies respiratoires et allergiques ont souvent comme cause les polluants de l'h abitat. » Les ateliers comme celui-ci sont un moyen de sensibiliser le grand public à cette question. Sur la table, les produits potentiellement dangereux sont désormais bien identifiés.

Pascale Santi Article du  Monde