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20/09/2010

SANTE L'aluminium empoisonne notre vie quotidienne

Présent dans le dentifrice, les déodorants ou l'eau potable, ce métal serait néfaste pour la santé, à « doses régulières »

A priori, rien de commun entre l'eau du robinet, des produits cosmétiques et des biscuits. Idem pour le lait en poudre des biberons, le dentifrice et les composants de certains vaccins. Rien, sauf la présence de l'aluminium, un métal sans rôle biologique reconnu et déclaré neurotoxique depuis près d'un siècle.

On savait l'aluminium utilisé dans divers secteurs : bâtiment, transports, imprimerie, électroménager, emballages, sans oublier les cannettes de soda et de bière. Mais le trouver dans de nombreux additifs alimentaires et dans des médicaments, tels les pansements gastriques, ou les céramiques orthopédiques et dentaires et autres colles médicales, voilà qui peut surprendre. Aujourd'hui, il est presque partout. C'est ce que nous apprend Virginie Belle, journaliste spécialisée en santé publique, dans une longue enquête, Quand l'aluminium nous empoisonne, dont la sortie est prévue le 30 septembre aux éditions Max Milo.

S'il s'agissait d'une enquête policière, elle ne manquerait pas de sel... Mais en matière de santé, les sels sont d'une autre nature. Et ceux contenant de l'aluminium (hydroxyde, phosphate et sulfate) sont mis au banc des accusés dans le livre de la journaliste, devenue la porte-parole des nombreux chercheurs qui s'alarment de prêcher dans le désert des institutions sanitaires.

« Une matière à soupçon »

Premier élément métallique de l'écorce terrestre, de l'aluminium, on en absorbe forcément : on le respire, les sols en contiennent et il se concentre dans certains légumes et dans les eaux des rivières. « Mais il ne sert à rien dans l'organisme humain. Pire, à fortes doses ou à doses régulières, il est toxique », prévient Guy Berthon, ex-directeur de recherche au laboratoire de chimie du CNRS. Le spécialiste recommande de ne plus utiliser les produits qui en contiennent : capsule de café, pansements gastriques - qui soulagent les douleurs mais dissolvent l'oxyde d'aluminium dans l'organisme -, barquettes et autres accessoires de cuisine. Y compris les papillotes de poisson auxquelles on ajoute souvent tomates et jus de citron, bref une belle quantité d'acide citrique à haute température qui attaque l'aluminium dont les particules se baladent dans l'organisme jusque dans le cerveau...

Quant aux cannettes de bière et de soda, « le mieux est d'en consommer le moins possible et ne pas les conserver trop longtemps », estime M. Berthon. Il appelle à la même vigilance pour les écrans solaires et les déodorants anti-transpirants, suspectés dans certains cancers du sein, situés près de l'aisselle.....

« Mais en trouver dans l'eau du robinet, c'est criminel », s'indigne M. Berthon. Et de rappeler qu'« au-delà de 100 microgrammes par litre, c'est déjà dangereux ». Or, à l'exception de Paris - qui utilise depuis trente ans le traitement ferrique -, les distributeurs d'eau potable ajoutent des sels d'aluminium afin de rendre l'eau plus claire. Et la norme européenne (200 microgrammes/litre) qui ne constitue qu'une référence de qualité, non une limite, est souvent dépassée. Selon l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), en 2007, 2,7 millions de Français ont bu une eau contenant un taux de sels d'aluminium supérieur à cette norme. Le danger c'est que « si une partie est éliminée naturellement par les urines ou la barrière intestinale, explique M. Berthon, une autre passe à travers ce mur de brique qu'est l'intestin grêle et se retrouve dans le sang puis le cerveau. Là, l'aluminium se dépose, durcit et ne peut plus repartir ». Plusieurs études ont mis en évidence le lien entre une eau potable trop chargée en aluminium et certains cas de démence, qui rappellent les symptômes de la maladie d'Alzheimer.

Mais ces mêmes études, dont les méthodologies épidémiologiques ont pourtant été jugées pertinentes, notamment dans un rapport de l'Institut de veille sanitaire en 2003, ont ensuite été rangées dans des placards.

En 1976, déjà, des cas de démence, de douleurs articulaires, de décalcification des os et d'anémie étaient apparus chez des insuffisants rénaux sous dialyse. Les nombreux médecins et chercheurs qui ont nourri l'enquête de Virginie Belle suspectent l'aluminium utilisé alors dans la préparation des dialyses et s'étonnent de l'omerta des instances sanitaires. extraits lemonde