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10/01/2011

Bilan des émissions de carbone et gaz à effet de serre des cultures

Pour la première fois, des bilans exhaustifs et précis de carbone et de gaz à effet de serre ont été réalisés en Europe durant plusieurs années sur des parcelles cultivées très diverses quant aux localisations géographiques, aux types de culture et aux modes de gestion. Initiée et coordonnée par le Centre d'études spatiales de la biosphère (CESBIO, UPS / CNRS / IRD / CNES), cette étude a mobilisé des chercheurs issus de nombreux pays européens(1) qui ont ainsi pu mettre en évidence des voies possibles d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre par les cultures....

Les travaux ont débuté en 2003 et depuis lors l'équivalent de 42 années de mesure ont été acquises en cumulé sur les 14 sites expérimentaux. Distribués de l'Espagne au Danemark, ces sites ont hébergé au total 17 cultures différentes, lesquelles ont été traitées selon des modes de gestion variés (fertilisations minérales ou organiques, exportations du grain seul ou du grain et de la paille...). Les dispositifs de mesure utilisés par les chercheurs sur les différentes parcelles étaient en revanche très similaires et leur méthodologie de calcul identique.

Ces travaux ont permis de rendre caduques les hypothèses classiques d'équilibre entre la parcelle et l'atmosphère ou de perte systématique et progressive du C dans le sol, mais aussi de quantifier quelques résultats importants et de donner des pistes de gestion pour re-stocker du C dans les sols agricoles...

Ces résultats montrent que, si une agriculture raisonnée rationnalisant l'utilisation des intrants (engrais, pesticides) peut permettre de réduire les émissions de GES associées à leur emploi, l'impact restera faible. Une autre piste plus prometteuse serait la mise en place de cultures intermédiaires permettant de limiter les pertes de C qui se produisent quand le sol est à nu, voire de stoker de manière significative du C atmosphérique. Enfin, nous disposons d'une importante marge de manoeuvre pour améliorer les bilans de C et GES des parcelles cultivées car la quantité de C exporté au moment de la récolte résultant de son utilisation (ex : production de céréales pour le grain ou d'ensilage pour alimenter le bétail), elle dépend de fait de nos choix alimentaires.

Notes

  1. France, Belgique, Allemagne, Suisse, Espagne, Italie, Pays-Bas, Irlande, Royaume-Uni et Danemark
  2. Il s'agit ici du dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4) et du protoxyde d'azote (N2O) qui est un puissant GES dont l'impact d'une molécule équivaut à celui de 220 molécules de CO2.

Source

E. Ceschia, P. Béziat, J.F. Dejoux, M. Aubinet, Ch. Bernhofer, B. Bodson, N. Buchmann, A. Carrara, P. Cellier, P. Di Tommasi, J.A. Elbers, W. Eugster, T. Grünwald, C.M.J. Jacobs, W.W.P. Jans, M. Jones, W. Kutsch, G. Lanigan, E. Magliulo, O. Marloie et al, Management effects on net ecosystem carbon and GHG budgets at European crop sites, Agriculture, Ecosystems & Environment, Volume 139, Issue 3, 15 November 2010, Pages 363-383

Auteur

Centre National de la Recherche Scientifique