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10/03/2014

La transition écologique, horizon pour une véritable sortie de crise

Transition écologique, mode d'emploi, de Philippe Frémeaux, Wojtek Kalinowski et Aurore Lalucq. Alternatives économiques, Les Petits matins, 260 pages, 12 euros.

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La première, Transition écologique, mode d'emploi (Les Petits Matins, « Alternatives économiques », 260 p., 12 €), est publiée sous l'égide de l'Institut Veblen. Sa mission est de militer pour un mode de développement soutenable et une économie socialement juste. Créé en 2010, il porte le nom de Thorstein Veblen, économiste américain connu pour le fameux « effet Veblen », qui explique les mécanismes de la consommation ostentatoire.

 

Philippe Frémeaux, journaliste à Alternatives économiques, Wojtek Kalinowski, sociologue, et Aurore Lalucq, économiste, rappellent que, pour l'instant, les crises économiques et environnementales perdurent. Et que, si l'on poursuit dans la voie actuelle, « nous allons vers des lendemains… qui font peur ».

 

Ils estiment pourtant que des solutions existent, qui n'ont rien de « punitif ». La révolution qui se prépare pourrait même permettre de vivre mieux.

 

PRÉFÉRENCE POUR LE PRÉSENT

 

Alors pourquoi les gouvernements ne font-ils pas le nécessaire ? Pour plusieurs raisons. D'abord, la sacro-sainte préférence pour le présent. Ensuite la dynamique du capitalisme. « L'idée d'une société sans croissance restera particulièrement difficile à faire accepter tant que le chômage de masse sera au rendez-vous », écrivent les auteurs ; les gouvernements restent prisonniers du « logiciel productiviste ». Enfin, il y a la fragmentation de la société internationale : le chacun pour soi règne en maître. Le résultat de tout cela : « la fuite dans la croissance ».

 

Les auteurs identifient quatre raisons d'espérer. En finir avec l'hyperconsommation ne serait pas un drame. Nos possibilités techniques, inédites, peuvent être mises au service d'une économie qui réduirait sa pression sur les ressources.

 

Il y a une prise de conscience de la nécessité d'engager la transition écologique, pas seulement dans les pays riches. La transition démographique, enfin, s'opère plus rapidement que prévu.

 

« Il s'agit de transformer le monde », disait Karl Marx, au XIXe siècle. Pour les auteurs, il est urgent, au XXIe siècle, de « transformer l'économie ». Mais est-il possible de rompre avec la « dictature du produit intérieur brut » ? Le livre ne répond pas vraiment à cette question.

"Miser (vraiment) sur la transition écologique", d'Alain Grandjean et Hélène Le Teno. Editions de l'Atelier, 144 pages, 16 euros.

Optimistes, les auteurs de Miser (vraiment) sur la transition écologique (Editions de l'Atelier, 144 p., 16 €), qui sort le 13 mars, veulent l'être également. « Nous vivons une époque formidable qui va faire oublier les “trente glorieuses” », assurent Alain Grandjean et Hélène Le Teno, spécialistes du développement durable.

 

Le livre aborde notamment la question du financement de la transition écologique, « le nerf de la guerre ». Il faut mettre la finance au service de cette mutation ; mais le grand chantier de la régulation financière est inachevé.

 

Concernant nos dirigeants, le constat n'est pas très différent de celui de l'Institut Veblen : manque de recul, dictature du court terme, pression des lobbies… Tout semble à repenser en profondeur. « Nos systèmes de gouvernance, à tendance hiérarchique, vont devoir évoluer vers des logiques de réseau et de subsidiarité beaucoup plus fortes », disent les auteurs.

 

Le livre est convaincant, même si son enthousiasme pour le modèle allemand de transition énergétique laisse sceptique. Le charbon représente en effet aujourd'hui plus de 25 % de la consommation d'électricité outre-Rhin. Et les Allemands eux-mêmes doutent de plus en plus du bien-fondé du virage énergétique pris sous le chancelier Gerhard Schröder et accéléré avec Mme Merkel.

 

DEUX AXES ESSENTIELS

 

La transition écologique ne doit pas être un chemin de croix. Là-dessus, on suit les deux auteurs entièrement. Mais il y a du pain sur la planche pour rendre le changement « souhaitable et désirable ».

 

Signalons enfin un article de l'économiste Benjamin Coriat – « Transition écologique et politique industrielle », paru dans le numéro 83 (janvier-février 2014) de la revue bruxelloise Politique, et consultable sur le Net (Politique.eu.org/

). Pour ce professeur à l'université Paris-XIII, la crise écologique doit être l'occasion de procéder à un véritable « aggiornamento » de notre politique industrielle.

Deux axes sont selon lui essentiels. Premièrement, il faut s'orienter vers de nouveaux modèles productifs et favoriser le rôle des micro-entreprises et des collectivités territoriales. Deuxièmement, la transition écologique devra associer innovations techniques et innovations sociales.

 

« La mise en place de modèles économiques reliant dans des coopérations renforcées des acteurs multiples, entreprises publiques et privées, centres de recherche et universités, collectivités locales, associations et organismes à but non lucratif, poursuivant des buts d'utilité publique, est une condition de la réussite de la politique nouvelle », écrit-il.

 

Le rôle de l'Europe ? « Idéalement, elle est le lieu privilégié pour assurer les impulsions nouvelles », dit M. Coriat. Il déplore l'immobilisme des décideurs européens. Et rappelle ce propos de François Hollande, relayé par le ministre allemand de l'énergie, Sigmar Gabriel, favorable à un « Airbus européen de l'énergie ».....

extraits LE MONDE | 05.03.2014

Références bibliographiques

Transition écologique, mode d’emploi, de Philippe Frémeaux, Wojtek Kalinowski, Aurore Lalucq. Les Petits Matins, «Alternatives économiques», 260 pages, 12 euros.

 

Miser (vraiment) sur la transition écologique, de Alain Grandjean et Hélène Le Teno, préface de Nicolas Hulot. Editions de l'Atelier, 144 pages, 16 euros.

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