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10/06/2008

Le projet social européen

 

François Bayrou plaide pour un projet social européen

LE MONDE | 09.06.08 | 14h19  Au moment où les regards sont tournés vers l'Irlande et le référendum du 12 juin sur le traité de Lisbonne, François Bayrou a lancé, dimanche 8 juin, un appel pressant pour un "projet social européen". Devant un millier d'adhérents du Mouvement démocrate (MoDem) réunis à la Maison de la chimie, à Paris, pour une convention sur l'Europe, il a donné le coup d'envoi de sa campagne pour les élections européennes de juin 2009, qui, espère-t-il, devraient lui être plus favorables que les scrutins législatifs ou municipaux et permettre à sa nouvelle formation d'affirmer son identité.



Dans son discours de clôture, M. Bayrou a fait part de son "souci" et de sa "détermination" pour "repenser et reconstruire" une Europe dont il a vivement critiqué la mise en coupe libérale. "Il nous revient de penser une Europe nouvelle et de la faire aimer", a-t-il défendu.

"Les peuples européens ne reconnaissent plus la construction européenne comme leur affaire", a jugé l'ancien candidat à l'élection présidentielle. S'il revendique sa filiation avec les "pères fondateurs de l'Europe", il veut s'inscrire "dans une démarche de reconstruction profonde". "Nous ne pouvons plus nous contenter de l'invocation de l'idéal européen, de la défense de ce qui s'est fait, a lancé M. Bayrou en clôture de la convention. Nous devons mettre au centre de notre propos les questions qui ont fait que les citoyens se sont éloignés de l'Europe."

Aussi a-t-il voulu insister en premier lieu sur la "nature" de l'Europe. "L'Europe, ce n'est pas d'abord un marché, c'est la défense de valeurs et d'un projet de société, la nature de ce projet est sociale", a plaidé le président du MoDem. "La vocation des institutions européennes n'est pas de défendre la concurrence, et encore la concurrence, et exclusivement la concurrence", a-t-il poursuivi. Et l'éleveur de chevaux de lancer un "cri du coeur" contre l'"abaissement devant une directive européenne infondée" qui prévoit l'ouverture partielle, à partir de 2009, des jeux et des paris en ligne, notamment du pari mutuel urbain (PMU) : "On n'a pas fait l'Europe pour les bookmakers !"

"DIVERSITÉ"

M. Bayrou s'est également posé en défenseur de la "diversité" face à une Europe qui "nivelle les identités". Il a enfin insisté pour une Europe qui prenne le parti de "défendre les Européens dans la globalisation" et non de "défendre la globalisation auprès des Européens".

"Nous n'allons pas laisser l'Europe comme elle est", s'est engagé le président du MoDem, brossant un tableau des "grands défis qui l'attendent" et des "grands déséquilibres" : démographique - "jamais une puissance vieillissante et riche n'a survécu lorsqu'elle était entourée de régions jeunes et pauvres" -, énergétique, climatique et économique. "Le temps de l'énergie rare et chère oblige à tout changer, et surtout tout changer pour les pauvres", a soutenu M. Bayrou, qui a aussi mis l'accent sur "le pillage du tiers-monde, pas seulement par l'Occident mais avec la complicité active de ceux qui sont parfois aux postes de responsabilité dans ces sociétés".

Un peu plus tôt, Eva Joly, conseillère spéciale anticorruption et antiblanchiment auprès du gouvernement norvégien, avait dénoncé les "paradis fiscaux" et les complaisances dont bénéficient les flux financiers illicites. Vivement acclamée, l'ancienne juge du pôle financier de Paris n'a pas exclu de s'engager dans le débat européen aux côtés de M. Bayrou, sans préciser si elle pouvait être candidate.

Patrick Roger

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